Etudier et préserver les dauphins de Rangiroa afin de développer un tourisme éthique. Voici, en résumé, l’objectif de l’association des dauphins de Rangiroa avec laquelle je me suis engagée pendant 15 jours, pour une mission d’écovolontariat. L’atoll de Rangiroa a pour spécifié d’abriter une petite communauté de grands dauphins qui cherche à entrer en relation avec les plongeurs et les snorkeleurs. Ces comportements sont connus en éthologie. Ils sont le résultat d’un processus d’habituation, où l’homme habitue une espèce à entrer en contact avec lui. Si ces interactions font le plaisir des plongeurs et des excursionnistes, la répétition de comportements inadaptés rompt l’équilibre entre la biodiversité et les activités humaines. Mieux étudier ces interactions reste la meilleur façon pour développer un écotourisme basé sur le respect de l’animal.
Un voyage engagé pour étudier et préserver les dauphins de Rangiroa
Quinze jours pour étudier et préserver les dauphins de Rangiroa. Il existe plusieurs façons de voyager tout en soutenant un projet de protection de la biodiversité. Parmi celle-ci, existe l’écovolontariat. Il s’agit d’un voyage participatif, où vous donnez de votre temps à un projet. La mission dauphins de Rangiroa consiste à étudier une communauté de grands dauphins qui vit aux alentours de la passe de Tiputa. Le grand dauphin, de son nom scientifique Tursiops truncatus, est présent dans toute la Polynésie française. Il est le cétacé le plus étudié au monde. Dès les premiers MarineLand’s, dans les années 1930, les scientifiques observent son comportement en captivité. Dans les années 1960, l’Us Navy entraîne les grands dauphins à repérer les mines sous-marines. Les scientifiques ne s’intéressent au dauphin en milieu naturel que depuis milieu des années 70.
La communauté de dauphins de la passe de Tiputa
Les grands dauphins de Rangiroa forment une petite communauté d’une trentaine d’individus. Ils vivent sur une petite zone entre la passe de Tiputa, le récif corallien, le tombant externe du récif et le large. Pamela, qui encadre les écovolontaires, étudie les dauphins de la communauté de Tiputa depuis une dizaine d’années. Elle mène actuellement une thèse de doctorat en éthologie. Son travail suit deux grands axes :
- Caractériser les dauphins impliqués et non impliqués dans les interactions avec les plongeurs sous-marins et les snorkeleurs. Elle dessine ainsi un profil comportemental pour chaque dauphin dans le cadre de ces interactions.
- La deuxième partie de la thèse consiste à évaluer les risques liés à ces interactions rapprochées et répétées dans le temps. Les risques pour les dauphins et les humains.
L’objectif de ces recherches est d’émettre des recommandations afin d’améliorer les relations dauphins être humains, et de mettre en place un véritable écotourisme.
Le travail de l’écovolontaire pour la préservation des grands dauphins
En tant qu’écovolontaire, vous participez pleinement au travail de recherche de Pamela. L’un des grands points positifs de cette mission d’écovolontariat, c’est qu’outre le travail sur le terrain, Pamela transmet un véritable savoir théorique. Les journées se déroulent toujours en deux temps : une sortie sur le terrain et un temps consacré à la théorie.
En finir avec l’imaginaire de Flipper le dauphin !
Une des premières leçons de cette mission d’écovolontariat est de se défaire de son imaginaire sur les dauphins. Autant dire que pour les fans de Flipper, y’a du boulot !
Nous sommes tous victimes de notre anthropomorphisme, de cette tendance que nous avons à attribuer aux animaux des caractères humains !
La morphologie du grand dauphin lui donne un sourire permanent et des yeux rieurs. Bien souvent, nous interprétons le comportement du grand dauphin avec un prisme positif, même lorsqu’il est agressif.
L’apparition d’un grand dauphin dans le cadran d’un masque de plongée suscite une émotion intense et positive. Pour peu que le dauphin cherche une interaction, nous voulons le toucher, l’embrasser, s’accrocher à son aileron… Grande erreur.
Ne pas toucher les dauphins sous l’eau
Toucher ou s’accrocher à un dauphin est une grande erreur pour plusieurs raisons.
Ces comportements provoquent des risques pour les animaux, à moyen ou long terme comme pour les êtres humains.
- La perte de vigilance des animaux vis-à-vis des activités humaines,
- Une modification du comportement de certains dauphins qui peut être délétère pour toute la communauté.
- Un risque de transmission de maladies.
- Instaurer trop de familiarité avec les dauphins les rend trop vulnérables par rapport aux êtres humains.
Il existe également des risques pour les êtres humains. Les dauphins peuvent avoir des comportements agressifs envers les plongeurs. Cela est d’autan plus dangereux que ces comportements peuvent être mal interprétés. Attention au fantasme de Flipper de dauphin l’ami des hommes ! Le plongeur novice en éthologie a vite fait de prendre un comportement d’intimidation pour une volonté à jouer !
Apprendre à reconnaitre le comportement d’un dauphin
D’où l’importance de bien reconnaitre les comportements des grands dauphins. Pamela vous apprend à les reconnaître.
Trois types de comportements sont à distinguer :
- Affiliatifs. Le comportement affiliaitif est interprété comme positif car le dauphin cherche à entrer en interaction avec d’autres individus.
- Agonistiques. L’attitude agonistique regroupent l’ensemble des confrontations, de l’intimidation jusqu’à l’agression. Dans ce cas, le dauphin émet des sons pulsés. Lorsqu’un dauphin hoche de la tête de façon brutale, ce n’est pas bon signe !
- Les conduites sexuelles.
Quatre types d’activité sont à distinguer
- Le repos : les dauphins se reposent généralement en groupe serré. Ils nagent lentement en décrivant de larges cercles. Un hémisphère dort 15 minutes et vice-versa, pendant que l’autre est en éveil.
- Le déplacement : lorsqu’un dauphin se déplace, il a un cap et nage vite et à vitesse constante.
- La chasse : en chasse, nous observons des mouvements rapides et erratiques.
- La socialisation : il faut au moins deux individus pour parler de socialisation. C’est là que nous observons les jeux, les poursuites, les conflits et l’accouplement.
La première règle est donc de ne pas chercher à toucher les dauphins sous l’eau lorsqu’ils s’approchent.
Les sorties en mer et l’analyse des vidéos
En tant qu’écovolontaire, vous aidez le travail de recherche de Pamela en prenant des images pour les analyser. Chaque jour, une sortie en mer est organisée en partenariat avec le club de plongée Rangiroa Diving Center. Lors de cette sortie, il y a une mise à l’eau avec masque, tuba et palmes (NDLR : Il existe également des missions plongeurs). Les mises à l’eau se déroulent à l’extérieur du lagon, sur le tombant de la barrière de corail ou dans le « bleu » un peut plus au large. Une fois à l’eau, avec sa camera sous-marine à la main, le travail de l’écovolontaire consiste à filmer les dauphins. De retour sur l’atoll de Rangiroa, place au dérushage et à l’analyse des vidéos. La première étape est d’identifier les dauphins, puis d’analyser leurs comportements. L’observation des comportements permet de mieux comprendre l’interaction entre dauphins, et entre dauphins et plongeurs.
L’observation depuis le terre et la photo identification
Avis et conclusion sur la mission dauphins de Rangiroa
La mission de protection des dauphins de Rangiroa fut l’une de mes meilleures missions d’écovolontariat. Déjà, le site est magnifique ! Et plonger quotidiennement pour observer les dauphins est un vrai plaisir ! Pour étudier et préserver les dauphins de Rangiroa, le rôle de l’écovolontaire est primordial. Bref, on se sent utile.
J’ai particulièrement apprécié l’encadrement prodigué par Pamela qui n’hésite pas à mettre son énergie à partager son savoir sur les cétacés.
Les petits plus viennent également du petit nombre d’écovolontaires par session et de la convivialité de la pension de famille dans laquelle nous logions.Enfin, je suis arrivée avec une certaine idée du grand dauphin et suis repartie avec des angles de vues différents.
Vous êtes intéressé par la mission ? C’est ici.