Le vrai domicile de l’homme n’est pas une maison mais la route, et la vie elle-même est un voyage à faire à pied.” Bruce Chatwin dans “Qu’est-ce que je fais là ?”
“C’est le propre des longs voyages que d’en ramener tout autre chose que ce qu’on y allait chercher” Nicolas Bouvier dans “L’usage du monde”.
Même s’il ne restait plus de terre à explorer, les écrivains voyageurs du XXe siècle ont laissé une trace, un regard unique sur le monde. La profondeur de leurs récits touche l’être humain dans ce qu’il a d’universel.
Le désir de l’écrivain voyageur né souvent au détour d’un ouvrage pioché dans une bibliothèque. Son histoire se poursuit sur les routes les plus reculées de la Terre. Confronté à l’étrangeté, la peur, la solitude, à des instants de pur émerveillement, il tend un miroir neuf à la société.
Les écrivains voyageurs, des guides pour les sédentaires
Les écrivains voyageurs, enveloppés par l’aura de l’aventurier, désirés car absents, étaient et sont encore d’excellents guides pour les sédentaires que nous sommes. Leurs pensées restent des boussoles très fiables pour celui qui se serait égaré dans sa propre vie.
Fidèles compagnons de route, ces partisans de l’école buissonnière nous inspirent, nous donnent l’exemple d’un vie libre et choisie. Les voyageurs arpentant les terres patagones avec un livre de Chatwin dans le sac sont encore légion. Preuve que ces aventuriers du XXe siècle continuent de nourrir l’imagination de milliers de voyageurs du XXIe siècle.
Loin de faiblir, l’attrait pour les contrées lointaines et les terres extrêmes ne cesse de grandir.
L’année de césure, qui était il y a quelques années encore l’apanage des jeunes Anglo-saxons, s’est aujourd’hui largement répandue dans de nombreux pays.
Le voyage est-il toujours source de transformation intérieure ?
A l’heure du billet tour du monde low cost et de l’explosion des réseaux sociaux, le voyage fait toujours rêver avec ses promesses d’aventure et de transformation intérieure. Nous assistons à un véritable boom des tours du monde en tout genre : à vélo, à pied, pour les enfants, pour l’environnement, sans déchets, sans argent… Les dossiers de Com sont bien bouclés et la concurrence devient rude pour trouver les bons sponsors.
Mais le voyage est-il toujours source de transformation intérieure ? Depuis la nuit des temps, d’Ulysse à Moïse en passant par l’Alchimiste, le voyage au long cours est un rite de passage, avec un avant, un après et une expérience personnelle au milieu. Le chemin était alors incertain et semé d’embûches, les liens avec les proches étaient coupés faute de télécommunication. Le livre était souvent écrit quelques années après sous la forme d’un témoignage intérieur.
De l’écrvain voyageur au blogueur de voyage
Qui sont les Chatwin et les Bouviers d’aujourd’hui ? Seul le temps le dira parmi les milliers de blogs de voyage qui naissent chaque jour sur la toile. Le changement temporel induit par les réseaux sociaux qui donnent l’illusion de l’aventure partagée en Live, a littéralement transformé le récit de voyage. D’une plume savoureuse trempée aux quatre coins de la planète, remaniée mainte fois par son auteur, mais qui finissait toujours par toucher la fibre humaine de chaque être, le récit de voyage s’est transformé en instantané. Instantané de soi sur une plage de sable blanc, au sommet d’une montagne, exultant de bonheur autour d’un bon petit plat.
Quel miroir renvoie le blogueur de voyage ?
Quel miroir ces blogs de voyage renvoient-ils à ceux qui restent, si ne n’est l’art de réussir une vie de rêve dans un bonheur sans partage ou qui fait mine de l’être ?
Le blog de voyage saura-t-il guider l’être en recherche de lui-même à la façon d’un Théodore Monod qui nous transporte dans nos déserts intérieurs ? Ce n’est peut-être pas leur vocation, d’autant plus que certains blogueurs voyageurs, devenus professionnels, écrivent désormais pour des offices de tourisme qui ont vu dans cette évolution un bon plan de Com.
Dans la myriade de blogs de voyage, nous pouvons quand même trouver, ici et là, de vrais témoignages, des expériences de vie enrichissantes et émouvantes. Certains blogueurs que je suis personnellement et qui parcourent régulièrement le monde, font preuve d’une réelle authenticité dans leur récit et deviennent, de fait, de bons compagnons lors des longues soirées d’hiver. Espérons que ceux-là, ceux qui se laissent sculpter par le voyage tel une statue d’argile, restent et finissent par émerger de la toile.
Magnifique texte sur le voyage
L’authenticité du blog »cap sur la terre » est évidente
Sa lecture en est d’autant plus précieuse
Merci pour ces témoignages sans fard